Bonne retraite Monsieur le Conservateur !

Une retraite bien méritée !

L’heure de la retraite a sonné et il en est sans doute le plus étonné !

Des fouilles rue BasseConnaissez-vous cet historien passionné un peu farfelu par moments, parfois en « léger » retard, quelquefois ronchon, mais toujours bienveillant et serviable ? Laissez-moi vous en dire quelques mots !

C’est l’histoire d’un homme passionné, qui depuis des décennies, arpente inlassablement les routes de la Basse-Meuse, avide de connaissances et de découvertes.
C’est en 1976 qu’il obtient sa Licence et son agrégation en Histoire de l’art et Archéologie  – avec un mémoire portant sur les premiers agriculteurs de nos régions, les « Omaliens » ou les porteurs de la céramique rubanée . Son diplôme en poche, il participe un an aux fouilles de la Place Saint-Lambert de Liège  puis travaille quelques années au musée d’Herstal. En 1981, il devient secrétaire multitâche de la presque centenaire Société Royale Archéo-Historique de Visé, dont les activités s’étaient quasi arrêtées en 1965. C’est à son dynamisme et à sa ténacité que l’on doit la relance de cette vénérable société ! Il sera l’instigateur de plus de 1550 activités depuis 1981. Et le nombre de membres passera de 121 en 1982 à 620, vingt ans plus tard pour revenir aux environs de 500 membres en 2017.
Il devient ainsi,nommé par ses pairs le 3e secrétaire de la société archéo-historique de Visé et de sa région, depuis novembre 1981 et administrateur délégué depuis sa mise en ASBL  en 1984. L’asbl obtiendra le prix du crédit communal puis le titre de société royale en 1989. IL connut quatre présidents : Toussaint Bologne (1981-1984), Louis Bellem (1984- 2011), Jo Massin (2011-2018) et il y a peu Claude Fluchard (2018)
En mars 1983, à l’aube de ses 30 ans, il devient chef de bureau à la ville de Visé. Il travaillera ainsi avec plusieurs échevins de la ville de Visé: Jean Henquet (1983-1988), Benoît Jeukens (1989), Joseph Dejardin (1989-1996), Xavier Malmendier (1996-2006), Stéphane Kariger (2006-2012) et depuis décembre 2012, Viviane Dessart. 

Au prix d’un travail acharné, il donne ensuite une tout autre dimension au Musée Régional d’archéologie et d’histoire de Visé. Après le titre d’animateur dès 1983, il en devient le conservateur en 1993, suite au décès de son prédécesseur Jean Massin (1910-1993).  Il y met en valeur les collections conservées et acquises par la SRAHV depuis 1921 et surtout par une politique active d’acquisitions depuis 1982. Il en fait une excellente base pour transmettre l’histoire régionale. Un musée dans lequel il se donne pour mission de conserver et transmettre la mémoire de la cité de l’oie, ses traditions, son histoire, ses artistes, ses rues, son savoir-faire, ses entreprises… et il n’aura de cesse de rechercher, d’acquérir et de préserver documents et objets d’art. Il réalisera les nouveaux aménagements en 1989 (déménagement de l’hôtel de ville et installation au centre culturel) et le renouveau scénographique en 2010-2011.

Toute sa carrière, il se consacre à la préservation du patrimoine Visétois, sous toutes ces formes, matérielles et immatérielles. Il se donne à cœur de perpétuer le douloureux souvenir du martyre de la ville en 1914. Un sujet sur lequel il semble incollable, considéré, à juste titre, par ces pairs comme un des spécialistes de la Grande Guerre en Belgique et plus précisément dans la Basse-Meuse. C’est ainsi qu’il sera à l’origine de bien des initiatives concernant ce sujet, dont un des exemples les plus parlants encore aujourd’hui est le parcours mémoriel de la quinzaine tragique.  
Mais Jean-Pierre Lensen, c’est aussi un archéologue convaincu, passionné, plus à l’aise sur un chantier de fouilles ou à prospecter que dans un bureau. Un homme de terrain qui photographie inlassablement Visé et sa région, ses cimetières, ses églises, ses petits patrimoines…( un millier de films argentiques et depuis la vague numérique, plusieurs dizaines de milliers de clichés conservés)

Pourtant, c’est ce même homme de terrain qui en a passé des nuits blanches à écrire et à mettre en page des dizaines d’ouvrages pour parler et raconter sa région qu’il aime tant (plus de 160 publications depuis 1981 ! directement ou en mise en page ou en collectif). Une littérature variée, d’ouvrages scientifiques en passant par des ouvrages de vulgarisation s’adressant à tous : Les Notices Visétoises (de 1982 à 2009), les Nouvelles Notices Visétoises (depuis 2010), les Rendez-Vous de l’Histoire (38 n°s depuis 1989), les ouvrages par souscription, les cahiers généalogiques (11), les repros de l’histoire (11) mais aussi des articles dans diverses revues ou des ouvrages à titre personnel tel que les mémoires en Images, Visé-sur-Meuse I, II et III (chez Alan Sutton) ou « Visé, première ville martyre de Belgique » (Editions de la Province de Liège) ou les Contes de la Basse-Meuse (Noir Dessin).
Il s’implique également au niveau national dans de nombreux conseils et organisations : il fut ainsi administrateur  de MSW (Musées et Société en Wallonie) depuis sa fondation il y a  20 ans (fin en mars 2018) , membre du Conseil d’Ethnologie de la fédération Wallonie-Bruxelles, pour ne citer qu’eux. Il est également conférencier, reconnu à la Province de Liège et guide conférencier reconnu par le CGT.

Le plus important, cependant reste sa capacité incroyable à tisser des liens. La connaissance n’est rien sans la transmission, M. Lensen le sait, c’est pour cela qu’il s’est impliqué dans autant d’organisations, d’associations… Il en a tissé des contacts et des amitiés dans des domaines divers et variés.
Aujourd’hui, après 35 ans de carrière à inlassablement transmettre et préserver histoire et patrimoine, le jeune étudiant de 76 est à son tour devenu un passeur de mémoire. Il en a connu des hommes et des femmes de savoir, comme Nicolas Peuskens, John Knaepen il en a entendu des histoires et des anecdotes de la bouche de nos anciens aujourd’hui disparus. Et il est à son tour devenu l’une de ces « bibliothèques humaines » auxquelles on se réfère à la moindre occasion. Il peut en être fier. Et tout cela n’est pas la fin, mais juste le commencement d’un nouveau chapitre où il continuera certainement à faire ce qu’il aime le plus : vadrouiller à la recherche de nouvelles histoires à transmettre.
Ce qu’il nous confie maintenant, à l’heure de sa retraite bien méritée, à moi et à ma collègue Marylène est une lourde tâche. Continuer sa mission (notre mission désormais) et perpétuer l’institution qu’il a tant chérie et pour lequel il a tant sacrifié. Nous espérons nous montrer dignes de cette tâche, qui s’annonce immense.
Je terminerai par cette citation latine qui semble si bien résumer sa carrière :

 

Labor omnia vincit improbus :

« Un travail acharné vient à bout de tout. »

 

Merci Monsieur Lensen !

Pour tout ce temps donné et tout ce qu’il accomplit pendant toute sa carrière !

Au revoir Monsieur le Conservateur… et à bientôt !


 

PS : Merci papa ! Bonne retraite ! Maman, ta « smala » et ton jardin t’attendent. Je suis sûr que tu as beaucoup de lecture en attente.

Cécile Lensen.