La Collégiale Saint-Martin et Saint-Hadelin

par Jean-Pierre Lensen

Selon une tradition tenace, la toute première église de Visé fut érigée en 779 grâce à la bienveillance de la mère de Charlemagne. Berthe au long pied au moment où elle avait élu domicile à la villette. Elle fut dédiée au grand saint Martin de Tours.

Eglise Saint-Martin

Une autre légende moins plausible que la première veut qu’elle fût consacrée en 804 par le pape Léon III, lors de son voyage de Quercy-sur-Oise à Aix-la-Chapelle. Toujours est-il, qu’elle disparut fort probablement lors de la première destruction de Visé par les Normands en 881. La deuxième église faisait partie intégrante du système défensif de la ville. Sa grosse tour carré était fortifiée et un chemin de ronde y avait été aménagé.

Elle se trouvait dans l’axe de la porte et du bastion de Souvreit auquel elle était reliée par une courtine. La muraille de la nef latérale reposait sur le mur de l’enceinte de la ville. Elle fut démolie lors du sac de la ville par les Bourguignons de Charles le Téméraire vers 1468. Son chœur fut rebâti en 1524 en calcaire de la Meuse ; la sacristie du chapitre date de 1602, celle de la paroisse fut ajoutée en 1670 ; les nefs latérales et le transept furent reconstruits en briques en 1719. L’église de Visé comportait plusieurs succursales : Dalhem jusqu’en 1618, Mons en alternance  bisannuelle avec Bombaye et Devant-le-Pont jusqu’au 30 décembre 1842.

Collégiale Saint-MartinVers 1850, un nouveau pavé vint détruire plusieurs pierres épigraphiques qui jonchaient le sol depuis des décennies. La guerre 14-18 acheva de saccager les mausolées attachés aux murailles : celui de la famille de Sluse dont on n’a conservé que la statue du XVIIème siècle en marbre de saint Martin évêque (volée à la fin du XXe s.). La tombe du prévôt et curé Pierre Pironnet dont il ne reste rien (la dalle en marbre blanc est conservée au musée de Visé) et le superbe mausolée en marbre blanc des époux de Charneux-Pernode qui fut reconstitué dans le porche de la collégiale.

C’est que le lundi 10 août 1914, sous prétexte qu’elle servait de point de repère aux artilleurs de Pontisse, l’église fut incendiée par les pionniers allemands. Seul le chœur, remarquablement restauré en 1895, fut conservé et les vitraux du fond furent miraculeusement épargnés. La reconstruction fut réalisée sur les plans de l’architecte Jamar en 1926. C’est de cette époque que date la chapelle qui abritait les vénérables reliques de saint Hadelin. Lors de la dernière rénovation en 2010, la châsse et le buste furent placés dans le choeur. Chaque année, aux alentours de la fête de saint Hadelin (le 3 février), une messe rassemble les fidèles et les confrères. Signalons qu’en 2016, une visite sur les mystères de Hadelin sera organisée le dimanche 31 janvier à 14 h. RV sur place.